collectif contre la précarité EN 7627
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-20%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, 144 Hz, FreeSync ...
399 € 499 €
Voir le deal

Halte aux méthodes du néomanagement ! in LE MONDE

Aller en bas

Halte aux méthodes du néomanagement ! in LE MONDE Empty Halte aux méthodes du néomanagement ! in LE MONDE

Message par INFO_APEN Mer 1 Juin - 6:33

Halte aux méthodes du néomanagement !

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/30/halte-aux-methodes-du-neomanagement_1529444_3232.html

| 30.05.11 | 13h56 • Mis à jour le 30.05.11 | 14h34
Dans cette époque rude et désenchantée, si la vie quotidienne de beaucoup d'entre nous se révèle de plus en plus sombre, il faut avoir conscience qu'il ne s'agit pas là d'un fait du hasard, d'une fatalité tombée du ciel.

La dureté des temps (souffrance au travail, isolement, fatalisme, dépression) est chaque jour renforcée par l'action de personnages dont la médiocrité et la terne banalité contrastent avec l'intensité du mal qu'ils font. Petits hommes gris à la Simenon, ils représentent la matérialisation finale du cauchemar imaginé par Robert Musil dans L'Homme sans qualités (Seuil, 1979). Ces agents de la tristesse opèrent dans des domaines de plus en plus étendus, mais il en est certains où leurs méfaits sont assez récents et particulièrement choquants : l'éducation et la santé en font partie.

Ils se présentent en général comme des "managers", des gestionnaires d'un nouveau genre et viennent prendre la place des "anciens" dans des établissements scolaires, des hôpitaux, des centres médico-psycho-pédagogiques, des instituts médicaux-éducatif (IME), etc.

Ordinateur et pointeuse en poche, ils ont pour mission d'apurer les comptes et de "remettre au travail" le personnel. Avec eux, plus de "feignants", d'"assistés", de "privilégiés" (certains ont dû télécharger récemment le portrait de Laurent Wauquiez en fond d'écran...). Ils appliquent le règlement, tout le règlement, rien que le règlement.

Or dans ces endroits singuliers où l'on soigne et où l'on apprend, l'essentiel se passe justement à côté du règlement. Pas contre, mais en dehors. Dans un hôpital, dans un centre psy, la qualité des soins dépend avant tout de la relation avec le patient. Elle passe par l'écoute, le dialogue, le regard, l'attention, et le pari partagé. Une minute peut valoir une heure, une heure une journée, une journée une vie. Aucun logiciel ne peut traiter ce genre de données.

Dans les centres médico-psychopédagogiques, les écoles, collèges et lycées, les objectifs chiffrés, les fichiers, les classements et catégories administratives ne peuvent cadrer avec des parcours d'élèves et patients multiples, complexes et singuliers. Ici, le travail a à voir avec le désir et le lien. Qui peut prétendre quantifier et rationaliser cela ? Nos petits soldats du management se méfient, eux, du vivant, de la complexité, de l'insaisissable. Ils haïssent cela même, car ces notions les empêchent de compter en rond. Ils n'ont qu'un mot à la bouche qu'ils répètent tel un mantra : "laloi, la loi, la loi."

Et l'on soupçonne, derrière ce formalisme, derrière leur apparente froideur, quelque chose de sombre et malsain. On connaît en psychanalyse et en psychopathologie ce phénomène d'obéissance stricte à la loi qui passe par l'effacement du sujet, définition même de la jouissance. Ces personnages, Lacan les appelait des "jouis-la-loi".

Ils ne se réfèrent qu'aux représentations réglementaires et légales du vivant ; mais la complexité du vivant, qui est la matière même de ces lieux de soins et d'éducation, n'est pas toute représentable. Par ailleurs, la loi dont ils parlent n'est pas la loi comme champ concflictuel. Ce qu'ils nomment respect de la loi n'est autre qu'une obéissance qu'ils exigent comme une simple compétence, au même titre que savoir lire ou écrire.

Plus d'espace, du même coup, pour la pensée critique et l'autonomie. Dans leur esprit, l'autonomie doit se transformer en pure autodiscipline, ce qui fait d'eux de petits soldats de la mise en place d'un pouvoir arbitraire. Dans leurs tableaux et leurs contrats d'objectif, l'essentiel leur échappe. Au point de susciter des effets "contre-productifs" - pour utiliser leurs termes.

A force de vouloir imposer de la rationalité, en contrôlant les horaires, en voulant rentabiliser chaque minute (chaque euro d'argent public dépensé...), en quadrillant les services, en instituant des rôles de petits chefs et sous-chefs, c'est la contrainte qui devient la règle, épuisant le désir et l'initiative des salariés.

Obligés de travailler dans un univers panoptique où tout est mesurable et transparent, ils perdent le goût de leur métier, s'impliquent logiquement moins, et souffrent au quotidien.

Ces méthodes de management sous la pression sont suffisamment élaborées (en provenance des Etats-Unis pour la plupart) pour savoir jusqu'où ne pas aller trop loin, éviter des dérives qui se retourneraient contre leurs auteurs. Ils savent harceler sans dépasser la limite légale.

Ces auteurs eux-mêmes, petits chefs psychorigides, médiocres et sans aucune envergure spirituelle, sont parfaitement fuyants. Il est impossible d'engager une discussion contradictoire avec eux car ils ignorent tout du funeste dessein qu'ils servent jour après jour. Ils sont les aiguilleurs d'un train dont ils ne maîtrisent ni la puissance ni la destination.

Petits hommes méprisables et benêts qui participent à un processus qui les dépasse. Ce néomanagement pour lequel l'homme devient une ressource impersonnelle et interchangeable prépare les fondements d'une société que l'on voit se dessiner chaque jour de plus en plus clairement, où les critères économiques font la loi, et où la loi écrase la vie.

Les grands changements sociaux, ceux qui vont dans le sens de la tristesse et de la restriction des libertés, ne se passent jamais du jour au lendemain, de façon soudaine, comme on franchit le Rubicon. Ces bouleversements se préparent dans la durée, lentement, discrètement. Et c'est bien de cette façon que la petite armée de ces hommes sans qualités est en train de préparer le terrain d'une société brutale et obscure.

Pour continuer notre travail, dans ces lieux vitaux, il nous faut résister. Mais résister au nom de quoi ? Comme ce pouvoir s'attaque directement à la vie, c'est la vie elle-même qui devient résistance.

Ouvrage : "Organismes et artefacts : vers la virtualisation du vivant ?" (La Découverte, 2010).


Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste

Article paru dans l'édition du 31.05.11

INFO_APEN
Admin

Messages : 182
Date d'inscription : 17/10/2010

Revenir en haut Aller en bas

Halte aux méthodes du néomanagement ! in LE MONDE Empty Re: Halte aux méthodes du néomanagement ! in LE MONDE

Message par INFO_APEN Mer 1 Juin - 6:39

Stress au travail: les salariés affectés


Sciatiques, tendinites, syndrome du canal carpien : les troubles musculo-squelettiques (TMS), qui constituent plus de 80% des maladies professionnelles, ont été un peu occultés par l'émergence des risques psychosociaux, mais ils y sont pourtant liés, selon des experts.

Lors d'un congrès cette semaine à Grenoble consacré aux TMS, chercheurs, ergonomes, psychologues du travail ou même historiens ont souligné le lien entre ces troubles physiques du travail et les risques psychosociaux (RPS stress, dépression, violences...) et appelé à ne pas les dissocier.

"Le découpage qui est en train de s'installer entre RPS et TMS est pour moi factice", a indiqué Yves Clot, psychologue du travail, évoquant "un Yalta entre le corps et l'esprit (...) extrêmement dangereux pour la santé au travail".

"La marchandisation du risque va bon train (...) et il est devenu tentant pour certains de s'installer sur un segment de marché RPS qui serait d'une certaine manière l'éloge de l'esprit contre les petites choses du corps", a-t-il souligné devant quelque 500 participants à ce troisième congrès francophone sur les TMS.
"Le corps et l'esprit sont affectés ensemble", a-t-il insisté.

Selon Philippe Douillet, membre de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), les chercheurs "sont bien convaincus de la proximité des sujets", et prônent une approche globale de la santé au travail. Mais ils constatent "une approche séparée, différenciée".

Une ergonome qui travaille dans une grande entreprise a indiqué à l'AFP que les TMS y sont "vraiment pris en compte, mais uniquement du point de vue mécanique". "Lier le corps au mental, ce n'est pas une démarche évidente", a-t-elle fait valoir.
Reste que les TMS augmentent de 20% chaque année et toucheraient 10% de la population active dans tous les secteurs, engendrant des coûts considérables pour la société.

Selon les experts, qu'il s'agisse de TMS ou de RPS, l'action se fait plutôt en période de crise: augmentation des déclarations d'inaptitudes pour les TMS, et problèmes de "relations dégradées, de crise, voire de suicides" pour les RPS.
C'est cette conséquence tragique qui a placé les risques psychosociaux sur le devant de la scène ces dernières années, entraînant "une pression médiatique et juridique", des initiatives politiques et des entreprises, et provoquant le développement de tout un marché de l'expertise.

Selon des responsables de l'Anact, "l''engouement' pour les RPS a paru occulter toutes les autres préoccupations de santé au travail, en particulier les TMS".
Mais, font valoir les chercheurs, si certains troubles musculo-squelettiques ont des causes qui paraissent biomécaniques (mauvaises postures, gestes répétés, etc.), "de nombreuses études confirment une forte relation entre la détresse psychologique et les TMS".

Par un mécanisme complexe, le stress au travail peut ainsi jouer un rôle indépendant des contraintes physiques, en provoquant notamment une sollicitation des muscles et tendons.

Philippe Davezies, chercheur en psychodynamique, a fourni des explications biologiques, indiquant que les salariés soumis à un stress chronique pouvaient "réfréner leurs émotions" et produire moins de cortisol, une hormone qui agit dans les mécanismes anti-inflammatoires.

Toutefois, l'approche globale prônée par les experts risque de se heurter à des difficultés dans l'entreprise, où les acteurs de santé au travail interviennent souvent sans grande concertation. Plusieurs médecins du travail participant au congrès ont pointé "un gouffre" entre acteurs de terrain et chercheurs.

in le Figaro du 28/05/2011

INFO_APEN
Admin

Messages : 182
Date d'inscription : 17/10/2010

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum